Le CYANOTYPE est un procédé ancien d’impression photographique avec lequel on obtient un tirage bleu de prusse, cyan, d’où son nom. Cette technique a été inventée au 19ème siècle par un scientifique anglais du nom de Herschel.
Et c’est pour ma part une découverte très récente qui m’a littéralement conquise !!!
Il s’agit de mélanger deux produits: du citrate d’ammonium ferrique et du ferricyanure de potassium, et d’enduire le support de ce mélange photosensible. Ensuite on expose un négatif numérique que l’on a préalablement imprimé sur du papier transparent.
Pour révéler la photo sur le papier on va alors faire ce que j’appelle de la « cuisine ».
En effet, selon le rendu que l’on souhaite, on va pouvoir tremper notre support, feuille à dessin en l’occurrence ici, dans différents bacs de mélanges.
C’est un peu comme réaliser une recette: vous avez plusieurs ingrédients et selon le dosage et les mélanges, vous n’aurez jamais le même résultat et je crois que c’est ce qui me plait justement dans ce procédé 🙂
Le temps d’exposition sous lampe est d’environ deux minutes. Il faut ensuite plonger la feuille dans l’eau pour rincer et révéler la photographie.
Puis, pour booster le bleu, on le plonge dans de l’eau oxygénée diluée.
Après il est possible de le passer dans un bac d’eau et de soude. Attention, le plongeon doit être furtif, la soude en petite quantité, et de très vite rincer !! Car l’effet de la soude va être de blanchir, voir de tout effacer si on est pas assez réactif … Croyez-moi sur parole je parle en connaissance de cause !
Puis, pour donner un rendu vieilli, un peu marron, on peut finir par lui faire faire trempette dans un bac de thé. Quand je vous disais qu’il s’agit de cuisine 😉
Pour une utilisation plus créative (ou moins agressive) de la soude, sur la photo ci-dessous, j’ai utilisé un pinceau pour blanchir uniquement la partie des reflets dans l’eau
Si ça vous dit de venir voir de plus près le résultat (autrement plus bleu que sur ces scans), je vous invite à venir demain samedi 11 juin entre 14h et 18h dans le métro de RENNES station Sainte Anne car j’exposerai quelques cyanotypes dans le cadre de CHANTIERS D’ART.
Ma vision de RENNES et une nouvelle vie pour mes prises numériques, entre dessin, peinture et photographie … A vous de juger !
Très intéressant, ce résultat, on dirait des croquis. Mais j’ai vraiment pas tout compris : tu dis qu’on badigeonne du « citrate d’ammonium ferrique et du ferricyanure de potassium » sur un support : quel support ? « Ensuite on expose un négatif numérique que l’on a préalablement imprimé sur du papier transparent » : comment on expose un négatif numérique ? comment l’imprime-t-on sur du papier transparent ? je dois être bouchée, désolée, mais ça m’intéresse ! dommage que je ne puisse pas aller à l’expo, j’aurais eu mille questions !!
Tes questions sont très pertinentes Esther et c’est parfait car ça va me permettre d’expliquer plus en détail le processus … C’est vrai que moi ça me parle puisque je l’ai pratiqué mais c’est pas si facile à comprendre effectivement
Pour commencer, le support sur lequel on badigeonne du mélange des produits c’est le papier à dessin. Il faut l’appliquer avec un rouleau comme pour faire de la peinture sur la surface correspondant à la photo voulue. Par exemple,si c’est un format carré, il faut étaler un carré de produit.
Il faudra ensuite laisser sécher le papier à dessin. Tout est à faire à l’abri de la lumière surtout !
Pour créer le négatif il faut prendre ta photo numérique sur ton ordinateur et la mettre en négatif. Pour cela on peut utiliser un logiciel du type « PIXLR Editor » qui est en ligne et gratuit. Tu importes ta photo et dans « réglages » tu la transformes en négatif. Je précise qu’il faut privilégier une photo monochrome, de préférence très contrastée.
C’est ce fichier que tu vas imprimer sur une feuille transparente (du type de celles utilisées pour les rétroprojecteurs) avec ton imprimante.
Ensuite, tu récupères ton papier à dessin, tu poses le négatif dessus et tu l’exposes en le mettant sous des lampes UV pendant deux minutes pour que le négatif s’imprime sur le papier à dessin. Il faut poser un drap sur les lampes ou porter des lunettes de protection (comme quand on va bronzer sous des lampes)
Et après tu vas plonger le papier à dessin dans les bacs successifs pour révéler l’image et lui donner le rendu que tu souhaites
J’espère que c’est plus clair 🙂
N’hésites pas si tu as d’autres interrogations
Ouh, la, la ! c’est très technique, en effet, mais j’ai tout compris, merci pour ces explications ! tu m’épates toujours à te lancer dans des trucs pareils. Je découvre qu’on peux créer des négatifs à partir du numérique, j’avais pas encore tilté, car je ne voyais pas à quoi ça pouvais servir…
Merci pour ce retour ! Je ne suis pas prête à me lancer là-dedans, mais j’aime bien tout ce qui est technique et le fait que l’on n’a jamais le même résultat est très créatif !
Pour le rendu vieilli, c’est moins ma tasse de thé (!), car les effets jaunis, je ne suis pas très fan.
J’espère que tu nous montreras des photos des cyanotypes sur pied dans le métro, pour mieux se rendre compte de ce que ça donne dans cet environnement, car là je trouve que le bleu est un peu fade, mais ça doit être une impression je pense ! 😉
Je te confirme Anne le bleu est plus pétant en vrai Mes scans ne sont pas de très bonne qualité …
Pour ce qui est de l’aspect vieilli je trouve que certaines photos s’y prêtent mieux que d’autres
Encore une histoire d’intention photographique qui doit être là dès le départ !
Malgré tout, ce procédé est ancien et l’aspect forcément va un peu avec …
Je ferai quelques photos tout à l’heure pour vous rendre compte de l’expo … Une toute petite expo en fait … en marge de l’animation initiale: prendre les rennais passant par là en portrait
Encore de belles rencontres en perspectives je pense 🙂
C’est sympa que tu puisse te lancer dans ce type de travaux. C’est un travail que tu réalisais avec ton club photo? C’est très technique et « ludique ».
Pour ma part, je n’aurai jamais le temps nécessaire de mettre cela en pratique.
Bonne expo 🙂
Salut Pascal
Oui tu as raison c’est grâce au club photo que j’ai fait cette découverte. Suite au stage, j’ai passé plusieurs après-midi au labo pour faire d’autres tirages et préparer des photos sur RENNES pour Chantiers d’Art.
C’est génial ce que tu fais, partir de la sortie numérique et arriver à ces résultats, c’est impressionnant. Finalement c’est très clair avec tes explications à Esther. C’est simplement le support papier qui est spécifique.
Je ne savais pas non plus que l’on pouvait faire un négatif avec PIXLR j’aime bien tout ce qui y a dans ce site mais c’est pas toujours très clair;
Je me demande ce que cela peut donner avec un portrait N&B bien contrasté. Parce que finalement on associe dans notre tête ce rendu avec des vus anciennes (il faudrait prendre des immeubles moches récents pour voir).
Salut Amor
Merci pour ton enthousiasme 🙂
Finalement on peut utiliser n’importe quel support … Le papier à dessin est pratique et le rendu sympa avec le grain naturel qu’il a. Un de mes amis du club a testé l’impression sur bois, un morceau de palette plus précisément, et ça donne encore autre chose
L’idéal c’est d’avoir un négatif d’origine très contrasté et un portrait oui pourquoi pas !
J’aime bien ton idée de l’immeuble moche 🙂 Si tu veux envoie moi une photo d’un immeuble très moche et bien contrasté je te le sortirai avec plaisir en Cyanotype 🙂
Magie! Beau travail, tête qui cherche, trouve, et dans l’obscurité renait la lumière.
Comme c’est beau ce que tu écris Sabrina ! Merci pour ta visite